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mercredi 2 décembre 2015

Un texte sur la neige par Colette

à l'intention des personnes de plus de soixante ans, dédié à leurs " maîtresses " du CP au Cours Moyen.


Vous rappelez-vous la neige de nos récitations
de jeunes écolières, celle qui tombe en voletant
sur la cour de récréation,
celle de Jean Richepin et d'Emile Verhaeren, fin duvet et manteau d'hermine,
La neige qui roule en boule et forme ce bonhomme qui croit se réchauffer mais fond près de la cheminée,
la neige de cet hiver qui n'est rien qu'un vilain et a bien mauvaise mine
de Charles d'Orléans, de Jacques Prévert aussi
et de cette Lucie qui porte un nom de rue.....
Cette neige nostalgie, la voyez-vous aussi ?
Neige décoration, heureuse de parer les jolis paysages de nos cartes de vœux, de celles qu'on n'envoie plus , remplacées par un mail ou bien par un texto.
La neige de l'enfance aux yeux écarquillés, la neige des poètes, celle dont on se demande
mais où est-elle passée ?
La neige froide et dure , celle qui neigeait, neigeait, neigeait,
et ensevelissait
les grognards que menait
le père du Grand Hugo.
Je la revois encore en ouvrant des bouquins,
elle pose quelques flocons mais disparaît bientôt,
laisse un cristal très fin
de douce mélancolie,
Mais où sont, où sont toutes ces neiges d'antan ?
Je vois celles d'aujourd'hui,
j'en vois beaucoup , beaucoup :
la neige du Boulou,qui coiffe le Canigou,
la neige des grandes villes qui tourne à la gadoue,
la neige du lapon qui en fait sa maison,
les neiges exotiques du Kilimandjaro
et du Fujiyama qu'on voit sur les photos.

La neige-événement dont on parle un moment,
transitoire ornement
des palmiers habitués aux très doux alizés de méditerranée,
la neige nourricière comblant les oliviers des monts de cette contrée.
La neige de Sibérie,
instrument de torture de despotes sanguinaires,
la neige d'Australie
où tout est à l'envers,
où l'on fêtera Noël, oui, Noël, en juillet,
La neige du sans-logis, engourdi et glacé qui n'en sortira pas,
Il fera le 20 heures, samedi à la télé,
on sera pincé au cœur, dira plus jamais çà
mardi, on l'oubliera.
La neige du gosse de riche qui s'en ira skier
au mois de Février.
La neige maquilleuse, manteau blanc éclatant
qui masque tout défaut et rend charmant, charmant, absolument,
le gros tas d'immondices
qu'on a accumulé tout le long des canisses.
Cyrano me pardonne si je le parodie,
un texte sur la neige écrit pour vous, amies,
mais à tout prendre qu'est-ce ? ......

" une communion ayant un goût de fleur, "
" une façon d'un peu se respirer le cœur,"
" Et d'un peu se goûter au bord des [ stylos ] l'âme "

La neige par Kerstin

La neige tombe. Elle tombe depuis des heures. Les flocons sont si légers, si légers, mais ô si impitoyables.
La neige tombe. Elle nous souffle à l´oreille : « Voilà, je suis de retour. Vous m´avez tant manqués, les enfants. Mais maintenant je m´installe et on va se fréquenter, n´est ce pas ?
La neige tombe. Elle nous isole du monde. Les maisons, les arbres, les repères sont disparus derrière un rideau gris étain.
La neige tombe. Elle nous prend l´air. Il n´en reste presque pas assez pour respirer. Les sons sont coupés, le silence règne.
La neige tombe. Est-ce que le temps passe ? Ou le temps s´est-il figé dans une bulle de neige qui tombe, tombe ?
La neige ne tombe plus. Mais on l´entend. Elle chuchote : « Je suis fatiguée maintenant, je vais me reposer un peu. Mais je reviendrai demain. Et après-demain. Et... »

mardi 10 novembre 2015

La technologie moderne par Marie

Mardi matin, 9 heures, je n’ai rien préparé pour cet après-midi, pourtant, j’ai l’impression que j’ai des choses à dire mais toutes mes idées, se mélangent. Je devrais les classer, pourquoi pas dans mon ordinateur !

Aujourd’hui jeunes et moins jeunes se promènent en grande majorité avec leur portable et à tout bout de champ dégainent leur instrument, comme si vraiment il y avait une urgence.

Une photo m’avait amusée, une famille, père, mère enfants, rend visite à la grand-mère et tous sont scotchés à leur téléphone. Dans une bulle cette réplique :
« Merci pour votre visite »

Dans les transports en commun les restaurants, partout les regards sont fixés sur cet outil de malheur qui réduit semble t-il la relation aux autres.
Loin de moi, l’idée d’être moraliste mais porter une attention à ceux qui nous parlent c’est important.

Mais ne jetons pas la pierre à nos enfants. Voilà quelques jours j’assistais à une réunion et voilà un intervenant qui après quelques regards à son magnifique Iphone ou Smartphone se lève et va téléphoner pendant une trentaine de minutes. J’ai ressenti cela comme un vrai manque de respect pour l’assistance et pour ses collègues. Etait-ce vraiment si important ?
Mobiles, tablettes, connexions internet, on confie tous nos secrets, nos données, nos photos à cette mémoire qui risque de nous échapper. Mais ne voyons pas que le côté négatif, cela peut être aussi un outil pédagogique et pourquoi pas médical contre la maladie d’Alzheimer (bataille navale qui consiste à mettre des chiffres dans l’ordre ou se rappeler des images vues plus tôt dans la partie).

Il faut quand même essayer de faire de la résistance et utiliser ces moyens avec parcimonie.

Oh !je vous prie de m’excuser. Il faut que je regarde mes messages sur mon mobile.

dimanche 8 novembre 2015

Information de dernière minute par Amada

Mesdames et Messieurs, bonjour.
Nous venons d’apprendre qu’un pays vient de se former, il s’est construit sans guerre et presque silencieusement. Le plus incroyable c’est qu’il n’a pas des frontières. C’est une monarchie gouvernée par le roi Smartphone, Smart pour les intimes ; la reine s’appelle Tablette, elle est toute carrée et toute belle avec de grands yeux ouverts sur le monde ; leur héritier est le prince PC portable, plus grand déjà que son père, ils l’emmènent partout. Le deuxième c’est Box, il est beaucoup plus tranquille que ses frères, il ne bouge presque jamais. Petite Montre connectée c’est la troisième, elle n’arrête pas de passer d’un poignet à l’autre, ils ne savent jamais où elle se trouve. Les monarques pensent agrandir leur famille chaque année. Les parents du roi viennent d’un autre pays où ils gouvernent aussi ; ils sont de la dynastie Connexion ; le père est Son Altesse Internet et la mère Madame Télévision appelée couramment Télé.
Dans ce pays les habitants sont très sympas, ils ont des centaines d’amis, même s’ils ne se connaissent pas, ils font partie de leur vie.
Les enfants ont la peau très claire et ne font pas beaucoup de bruit, la plupart du temps sont en train de jouer devant l’écran.
Les fleurs sont très bizarres, le nom scientifique est Follower, elles ont l’avantage de n'avoir pas besoin d'arrosage.
Ils possèdent seulement deux genres d’animaux ; les puces et les souris mais elles sont très efficaces.
Leur langage est parfois incompréhensible, voici quelques exemples : SMS- MMS- octet-cloud-mail-Ytube-Facebook-Meetic etc… Le pire c’est l’écriture ! quoique les jeunes aient plus de capacités pour s’y adapter, voici trois petits florilèges : MDR, comprenez : mort de rire ; BS égale Bon Soir ; JTM, c’est le plus tendre, traduisez par : je t’aime. Vous l'avez compris : ils n’ont pas de voyelles dans la grammaire.
Ils sont très sensibles au bien-être des personnes âgées, ils ont créé une application très pratique pour ouvrir les portes dans le noir, c’est la lampe torche, je vous la conseille.
Passons au gouvernement : Il n’y a pas de ministre de la santé car tout le monde s’auto médicalise. Le ministre de l’éducation ne sait pas tellement compter ; il sait qu’il existe la 3D la 4G peut être existe-t-il aussi le 5F et le 6H ? En tout cas il connaît bien le haut débit. Celui qui travaille le plus c’est le ministre de la culture, il envahit les ondes de chansons, de films, de débats ; il faudrait lui augmenter le salaire.
Nous vous tiendrons au courant des nouvelles informations de ce pays et surtout des naissances royales.
Mesdames et messieurs, bonne journée et à demain

mardi 3 novembre 2015

Sans titre par Colette

Je n'ai pas écrit le texte que je vous soumets aujourd'hui. Il s'agit de la traduction d'une tablette pré-sumérienne dont le mystère a récemment été percé et qui m'est parvenue grâce à une de mes accointances. Sa haute valeur historico-philosophique et le rapport certain quoique quelque peu distant avec le sujet présent, me pousse à vous le soumettre.
Il me faut vous expliquer que le traducteur n'est autre que le fils du cousin de l'oncle de ma voisine et comme cet éminent ethno-anthropologue était venu se resourcer au bon air catalan auprès de la nièce du cousin de son père et comme il emplissait ses poumons près de la haie qui sépare nos deux propriétés, nous entamâmes une brève conversation après les salutations d'usage. Il me parla de l'écriture pré-sumérienne et donc pré-cunéiforme dont il était devenu un expert au fil des ans mais sans cacher les innombrables difficultés qu'il devait encore affronter. La tablette sur laquelle il travaillait retraçait un bref dialogue. Deux interlocuteurs échangeaient leurs opinions sur la grande découverte technologique de cette époque plus de 4000 ans avant notre ère : l'invention de la roue. Si l'un deux paraissait confiant dans les possibilités de cette invention, l'autre paraissait plus réticent à accepter la nouveauté.
Je vous livre ce texte important en primeur ( il n'a pas encore été publié ). La traduction reste assez littérale mais il a fallu adapter certaines formules afin de le rendre compréhensible de nos jours. Les deux interlocuteurs sont : Astivejobor et Natoududynosor.
ASTI : Je viens de passer quelques jours dans cette grande plaine au bas d'une montagne dans le pays qui est depuis peu Assur. Là, j'y ai vu des hommes transporter leur gibier dans une sorte de coffre qui avance sans qu'on ait besoin d'exercer plus qu'une simple poussée car ce coffre qu'ils appellent " chariot " est monté sur deux de ces inventions qu'ils appellent " la roue ", deux pièces qui ont la forme de la lune et qui tournent sur elles-mêmes entraînant le coffre que l'on tire ou pousse sans avoir besoin de le porter. Quel progrès, quelle facilité, plus d'épaules fourbues, ni de reins en compote !
NATOU : mais qu'est-ce que tu racontes ? Ces habitants du pays qui est depuis peu Assur n'ont jamais rien trouvé qu'on ne leur ait déjà montré ! Et quelle idée de transporter son gibier de cette façon. Quant il le met sur ses épaules, d'abord, le chasseur reste au chaud après l'effort et la viande s'attendrit. Il montre sa force, les femmes le jugent au poids qu'il est capable de porter et il trouve ainsi une compagne plus aisément... Tu veux la fin de la famille ? plus d'enfants, la fin de notre tribu ? Non, crois-moi, cette mode passera .
ASTI : Tu es vraiment d'une autre époque. Imagine comme il serait facile de transporter toutes sortes de choses, chacun pourrait avoir son " chariot ", on pourrait même y mettre les femmes et les enfants et ainsi faire de bien plus longs voyages, explorer des contrées inconnues, avancer sans avoir besoin d'autant de repos .
NATOU : Ah, non, vraiment tu rêves, Chacun son chariot, eh ? Et comment pourras -tu faire avancer tout le monde en même temps ? Déjà que nos sentiers sont trop étroits pour que nos ânes se croisent .
ASTI : Eh bien, il faudra élargir .......
La traduction s'arrête ici mais mon ami l'ethno-archéologue poursuit se travaux sur la deuxième face de la tablette et espère terminer la traduction sous peu. Je vous tiendrai au courant.
Comme Astivejobor, je reste persuadée du bien-fondé de la technologie. Vous l'avez comme moi reconnu à son nom, notre interlocuteur est l'ancêtre de l'inventeur du smartphone. Les gènes ne mentent pas et l' on n'arrête pas le progrès !!!

Les outils modernes de communication par Amédine

C’était un jour d’été ce qu’il y avait de plus ordinaire : un soleil de plomb appesantissait ses rayons de feu sur le village et réduisait les ombres à leur plus simple expression, juste quelques figures géométriques, des lignes épaisses, des carrés, des rectangles, d’autres plus fantaisistes, une impitoyable géométrie qui relevait pas sa couleur et son illusoire fraîcheur l’ardeur, que dis-je ? l’incandescence du jour.
Alors que le village était vide de toute vie, muet, silencieux, alors que d’ordinaire je me terre derrière les épais murs de pierre de ma maison, ce jour là, sous l’ardeur du jour, je soignais la haie de mon jardin qui ne m’avait rien demandé. Nulle vie et nul bruit. J’avais deux voisins tout aussi téméraires que moi, sinon plus, car ils étaient au beau milieu du carrefour, posés là par l’exercice redoutable de leur fonction : deux motards de la gendarmerie. Ils suaient à grosses gouttes dans leur habit couleur ciel et, sous leur calot, ils tuaient admirablement le temps par un parfait stoïcisme, le geste lent et l’œil vague, dans le silence épais que nul moteur ne troublait. Seulement le cliquetis ténu de ma cisaille.
Le temps eut pu couler inlassablement, à la manière d’un sablier géant engorgé par la chaleur épaisse.
J’ignorai les deux pandores, fort affairée à ma haie.
Soudain jaillit dans mon dos, venue du carrefour, une bordée de sifflements rageurs telle une vague de tsunami recouvrant la plage déserte et dorée.
Je me retournai, saisie , et j’assistai à une des scènes les plus cocasses de mon existence.
Une voiture, surgie silencieusement de la campagne, abordait le carrefour avec maestria et précipitation ; au volant une jeune femme, le téléphone vissé à l’oreille, devisait avec animation, indifférente à la route, à la chaleur, et aux sifflements impérieux. Elle passa, superbe , sourde et aveugle. Mais non muette assurément. Je me précipitai, mue par un instinct de solidarité féminine afin d’éviter à la malheureuse la double peine qui allait lui être infligée : délit de fuite en sus de la conduite en téléphonant. Rien n’y fit : devant mes cisailles aussi médusées que la maréchaussée, elle passa , toujours aussi sourde et aveugle –mais non muette-, glissa au bout de la rue et disparut sans avoir rien vu.
Aussi sidérée que les gendarmes, je restai figée.
Le motard non en colère, résigné et épuisé d’avoir sifflé rangea son outil inutile et repris sa place immobile sous l’ardeur du soleil, avec un geste las..

Quant à moi, je retournai à ma haie, laissant deux gendarmes au soleil, avec une sérieuse pointe d’amertume, à la pensée de contraventions passées, juste pour une pincée de km/h en trop…et une poignée d’euros en moins.
Injustice quand tu nous tiens….

dimanche 18 octobre 2015

Le meilleur professeur par Amada

L’automne est là, le jour se lève, le silence règne et j’aime cela.

Me voici devant ma feuille blanche qui attend pour savoir lequel de mes professeurs occupe une place préférentielle dans mon classement. Le vainqueur est…..
(Roulement de tambour) tout simplement mon prof actuel de catalan Monsieur Miquel.

Leçon après leçon il a su allumer une petite étincelle au fond de mon cœur et il m’a donné le gout de découvrir mon « pays » la Catalogne. Je commence à connaître son histoire ; je chantonne ses airs si mélodieux, je m’imprègne de sa beauté et de ses traditions. C’est ma maison, c’est mon point d’ancrage.

Mais je ne suis pas la seule dans ce cas ; depuis plus de 20 ans il fait un cours pour débutants le lundi et le mardi un cours pour ceux qui ont acquis déjà des notions ; vous me croirez si je vous dis qu’il y a des élèves qui suivent son cours depuis 20 ans ? Chaque année il innove et chaque année c’est un plaisir d’assister à ses cours.
Je vous disais bien qu’il est le vainqueur ! pour mon prof hip, hip, hip hourra.

lundi 12 octobre 2015

Le Prof par Monique

Ce n'est pas, à proprement parler, le portrait d'un enseignant que je vous livre.
J'ai plutôt voulu vous faire ressentir une ambiance, celle de mes premières années dans une petite école rurale.


Monsieur Maillard était grand, du moins, c'est ce que je pensais à l'époque.
Il avait, bien que jeune encore, un crâne dégarni qui en imposait: que de savoirs devaient se loger derrière ce front d'intellectuel!

Seul maître à bord d'une classe unique d'un petit village, il faisait partie, avec le maire et le curé, des notables.
On le craignait, tous, même nos parents, d'une crainte empreinte de respect ou, devrais-je dire de respect mêlé de crainte car cette dernière était minoritaire par rapport au respect qu'il suscitait.

J'arrivai dans cette école par un matin doré d'octobre. Les feuilles envahissaient le trottoir qui menait à l'école. Des dahlias, entretenus par Madame, oscillaient dans le souffle léger d'automne, se penchant sur les salades et les choux bien rangés.

Il faut dire que je me sentais toute craintive en passant la porte: toutes ces tables alignées, serrées les unes contre les autres, des plus petites(à gauche) aux plus grandes(à droite), m'impressionnaient.
Un tableau noir couvrait tout le mur et le bureau du maître trônait sur une estrade.

Je crois que je tremblais, cette installation inconnue et mystérieuse m'effrayait.

Pourtant, bien vite – je ne me souviens plus du temps que cela prit – j'entrais dans mon école avec le sentiment d'être chez moi.

J'aimais l'odeur de l'encre et du bois ciré, celle de la craie et son crissement sur le tableau.

J'aimais retrouver mes deux copines pour jouer aux billes ou à cache-cache.

J'aimais regarder les grands marronniers se balancer dans la cour en récitant « le loup et l'agneau ».

J'aimais quand nous suivions Monsieur sur les chemins de terre et que nous étudiions
la vie grouillant dans le talus ou le développement du blé dans les champs.

Un professeur qui m'a marquée par Kerstin

Je commence à l´école secondaire facultative. J´ai déjà appris l´anglais plusieures années avec mon institutrice, mais maintenant le prof est un spécialiste, comme tous les professeurs dans la nouvelle école. Tout d´un coup on peut comparer les differentes méthodes d´enseignement, et c´est monsieur Oldman en anglais qui a la meilleure. Il n´est pas sevère, mais nous avons tous énormement du respect pour lui. Peut-être parce qu´il presume que nous sommes capables et prêts à travailler dur, et parce que il le fait lui le premier. Il n´y a pas d´élève qui bâcle les devoirs d´anglais !
Au même temps je prend goût à l´anglais avec son education. Dans mon coin reculé on n´a pas l´occasion de parler anglais, mais je comprends de plus en plus les conversations dans les émissions anglaises à la télé. Et j´arrive à suvre les paroles des chansons Beatles, Rolling Stones, Yardbirds, Animals...
Une année les professeurs font la grève pendant une semaine. C´est en 1966 où 67. Monsieur Oldman reste à la maison, peu enthousiaste. Mais il est un jaune en cachette : Dans chaque classe deux élèves sont commandés à se presenter chez lui avant les lecons d´anglais. Ces élèves ont pour mission d´ecouter les instructions de m Oldman et tenir la classe le lendemain. Ils repartent avec des explications du texte, des listes de vocabulaire et le devoir pour la lecon suivante. Personne ne travaille comme quand il est là, c´est vrai, mais on travaille – par discipline où par loyauté, je ne sais plus.
La dernière année de cet equivalent du college on peut faire le francais facultatif. Monsieur Oldman enseigne le francais aussi, et c´est pour ca que je me decide de participer. Je ne sais pas si son francais était au niveau de son anglais. Probablement pas. Mais son enseignement est le même. C´est à dire efficace, je travaille beaucoup sans le trouver vraiment difficile.
Et c´est ca, je crois, le plus important que ce professeur m´a transmis : L´apprentisage des langues ce n´est pas de la magie, où un sport pour les surdoués. C´est une question de travail et de motivation comme toute autre apprentissage.
Et si on a de la chance dans la jeunesse, on a un professeur qui vous montre ca.

mercredi 7 octobre 2015

L’enseignant qui m’a marquée par Amédine MAS

En cette rentrée 1960 je fais mon entrée au Collège d’ Argelès, la cour des grands pour la petite fille de 10 ans que je suis. Je découvre un univers stupéfiant, le professeur d’ Espagnol qui ne s’adresse à nous qu’en espagnol jusqu’à la moindre rature qu’il nous corrige de sa voix tonitruante et rauque à la fois. Une terreur l’idée de faire une erreur. Etonnons nous que je parle couramment l’espagnol !
Je pourrais en parler car il m’a marquée.
Cependant ce n’est pas de lui que je vais m’entretenir.
C’est du professeur de mathématiques. Jeune, mince sautillant sans cesse, très nerveux, tonique et bon professeur.
Monsieur Serre devait avoir 35 ans , d’un dynamisme à couper le souffle et sans doute passionné par son métier. Je l’ai eu pendant 3 année sur 4 il m’aimait beaucoup et s’obstinait à dire à mes parents « C’est une matheuse » alors que j’avais des résultats déplorables. Il avait raison dans le sens où j’ai une logique très mathématique qui ne s’est jamais démentie avec le temps.
Il m’aimait beaucoup et pourtant il m’a giflée. La première –et dernière- gifle d’un professeur dans ma carrière d’élève.
Quand on en connaît le motif cette gifle est aussi incongrue que comique.
Non je n’étais pas dissipée, ni bavarde. Pas davantage mauvaise élève ou étourdie. Mes cahiers étaient bien tenus, je n’étais pas irrévérencieuse . Je n’avais rien qui justifiât pareil châtiment. Mes notes moins que moyennes n’y étaient pour rien. Et Alors me direz-vous ?

Figurez-vous qu’un jour il s’est mis en tête de nous apprendre à lire un pied à coulisse.
Vous connaissez toutes le pied à coulisse et savez toutes le lire, je suppose !
Et bien je n’ai pas su : j’avais beau retourner dans tous les sens cet objet de mesure, me pencher sur ces tas de petits traits et sur ces chiffres qui se mélangeaient, voire se superposaient, rien n’y faisait. Je retournais l’objet en tous sens, terrifiée comme s’il eut du me dévorer, toujours rien. Le métal grisâtre me brûlait les doigts et les rainures dansaient devant mes yeux hagards. Rien ! Finalement, excédé, le professeur me gifla à la volée. Ce qui ne m’apprit pas davantage à utiliser l’engin.

Ironie du sort : savez-vous quand pour la première fois de ma vie j’ai eu besoin d’utiliser un pied à coulisse ? A 63 ans lorsque je décidai de me lancer dans le bricolage. Je l’utilise et, comble de l’ironie, je ne sais toujours pas le lire…car je n’ai pas besoin de sa lecture pour mon utilisation !

La musique par Amédine MAS

J’avais 12 ans, j’étais en 4 eme, et mon professeur de sciences, au Collège, était aussi professeur de Musique.
J’étais dans un petit Collège devenu grand, le collège d’ Argelès, 240 élèves à l’époque. Autrement dit une famille .
LA grande école pour la fillette que j’étais . J’arrivais de mon petit village à classe unique avec la même institutrice depuis mes débuts… Donc en 4 eme je découvre les sciences qui ne me passionnaient guère et la musique.
Monsieur Casenove avait un instrument de musique , sorte de piano, sur lequel il jouait et nous, nous chantions les notes. Il nous a appris les Trompettes d’ Aida, dont nous chantions les notes, mais mieux encore nous les chantions en chœur ; je ne sais comment on dit , on chantait en décalé (en sport on dirait du relais). C’était magique ! On y mettait tout notre cœur. Je ne me souviens que d’ Aida, cette musique m’avait transcendée. Aujourd’hui encore les notes résonnent en ma mémoire..ré sol la ré la si si si.etc… , de leur longueur et mon désir, si je savais jouer, serait, en montagne, lorsque j’arrive sur un sommet, de sortir de mon sac à dos une trompette et de jouer Aida.
Il ne manquerait plus que ça !!! me dit-on lorsque je fais cette confidence…

mardi 12 mai 2015

MUSIQUE

Qui t'a appris à chanter,gentil rossignol?Au printemps, quand tu cherches ta compagne, tes notes emplissent la verte prairie
Regarde l'enfant sage comme une image assis près de ta branche, les pieds couverts de coquelicots, il babille la comptine de la lune et la plume.

Et toi, jeune ruisseau qui dévales tranquillement la colline, ton doux clapotis m'apaise et me pousse à la rêverie.

Il me manque seulement le bruit fort et strident du tonnerre pour composer une grandiose mélodie.

laissez-moi me joindre à vous et j'apporte un instrument qui fait BOUM BOUM BOUM; Vous avez deviné, c'est mon coeur .

lundi 13 avril 2015

Voyages

Voyageuse , je le suis dans l'âme. Je crois être née voyageuse, mais cela se révéla à l'adolescence.
Mes rêves étaient de voyage. Un mariage plus tard, ces rêves devinrent réalité. Et commencèrent les voyages, en 2CV d'abord...une évidence...L'Espagne et ses relevailles du Franquisme, le Portugal tout juste éclos de la Révolution des Oeillets. 1975, 1976...30 ans de voyages. Ce furent l' Europe d' Est en Ouest, les pays de l' est avant l'ouverture du Rideau de Fer : visas, travellers- chèques, bons de carburant, itinéraires détaillés à fournir, révoltes et menaces de prison . Ce furent l' Europe du Nord aseptisée: Danemark, Norvège, Luxembourg, Belgique. Et d'autres encore. La Turquie, si loin, si étonnante. Le Maroc chatoyant, l'orée du Sahara, terra incognita. L'allemagne, l' Autriche, étincelante. Des projets restés en suspens également, réalisés sans moi.
C'était l'époque de l'aventure. Pas de voyages organisés; Organisés oui, par moi.
La préparation était un voyage, déjà : itinéraires, budget, documentation, ce qu'il fallait voir, manger, ramener. Jamais déçus. Voyages longs ou courts, jamais au long cours...quoique...

J'appris une chose essentielle: le voyage est un regard. Des sensations, des émotions mais surtout un regard. Un regard sur un ailleurs, sur autrui mais surtout sur soi même. Sans concession.
Le temps passa. Mes retours de voyage étaient un cadeau pour les voisins, la famille, les amis. Ils attendaient mes images, ils attendaient mes textes.
Moi qui rêvais d'être journaliste, je leur offrais mon regard ouvert sur le monde. Je leur offrais mon regard, mes anecdotes, mes émotions, mes images, mes peurs aussi. Car elles furent.
Un jour, ma vie changea.
Et mes voyages avec.

Je n'ai jamais abandonné l'idée du voyage, même dans ma nouvelle vie. Le voyage est devenu différent. Aujourd'hui mes voyages sont courts , sont proches. Ils ont pour nom le Tarn, l' Aveyron, les Cévennes, la Provence, les calanques , entre autres. Ils ont pour nom la Catalogne, Barcelone, le Val d' Aran ou l' Aragon.
Ils sont vallées et montagnes, villes et villages.
Les montagnes...un voyage en soi...Découverte en 2006 la montagne est un appel.
Je voyage dans un monde minéral et animal, le monde de la roche et de l'eau, des plantes et de la neige; je voyage en solo, en force et en faiblesse; je voyage au delà de l'humain, parfois, au delà de moi même; tout en sensations , émotions et regard.
Comme en un voyage ordinaire.
Mais, surtout, surtout, j'ai fait – et je fais toujours- un extraordinaire et unique voyage, celui que chacun d'entre nous devrait faire une fois dans sa vie.
Je suis partie un jour à la découverte d'une personne, de quelqu'un d'inconnu : moi même.

« Qui n'a pas fait au moins une fois le tour de soi même n'a pas voyagé » disait Confucius;
Je n'ai pas fini le tour de moi même...
Le finit on jamais ?...
On est en perpétuelle évolution...
Un merveilleux voyage...
Les yeux fermés....

mardi 7 avril 2015

Les rois

D'abord, il y eut les Anciens,
Les Mérovingiens, dont Clovis et Dagobert,
Celui qui mettait sa culotte à l'envers.
Suivirent les Carolingiens,
Les Pépins, le Bref et l'Ancien
Les Louis, le Bègue et le Fainéant;
Alors, de l'ordre, remettant,
On compta sur les Capétiens,
Les Hugues, Robert, Philippe et Louis
Furent parfois Auguste ou bien Hardi.
Il y eut LouisVI le Gros,
Charles le Fou le suivait,
J'ai oublié son numéro!
N'effaçons pas Henri le quatrième
Et sa poule au pot
Louis le quatorzième
l'Etat c'est moi qu'il disait.

Aujourd'hui, les temps ont changé
Par des rois la France n'est plus gouvernée.
Mais je possède un royaume
Dont les rois sont ceux que j'aime
Nicolas, Sébastien, on les appelle
Virgile, Soizick et puis Aurel
Et voici que l'histoire se répète:

La petite est sur le trône,
Il faut, à l'endroit, sa culotte remettre,
Il m'arrive d'enlever des pépins,
Qui se montre fainéant est secoué
Le trop hardi est tempéré

N'est-elle pas royale ma galère?

Voyage

Leur plus beau voyage
a débuté un jour d'orage.
Sur un trottoir, face à face,
tous deux, par la foudre terrassés,
ils ont compris que leur itinéraire était tracé.

On les vit à Bruges,
le nez rougi par la bise,
emmitouflés, serrés,
sur les canaux aux eaux grises.

Main dans la main,
sur les remparts de St Malo
le regard perdu
au loin, sur les flots.

Ils ont laissé leurs empreintes
dans le sable des immenses plages du nord
là, où on ne sait si
on est encore en France
ou déjà en Belgique.

A Barcelone, ils ont flané
le nez en l'air,
Gaudi par-ci, Gaudi par-là.

Ils ont caressé
La tête du singe, à Mons
ils ont embrassé
le cul de la lionne, à Gérone

Conquis à tout jamais
par la Méditerrannée
ils accourraient chaque année.

Mettant leur pas dans ceux des grecs
partageant leur enthousiasme,
sur la colline, à Empurias.

Sur le Pont d'Avignon
ils ont dansé
Des huîtres fraîches à Bouzigues,
ils ont goûté.

Ils ont pris de la hauteur
du Pic St Loup à L'Aiguille du Midi
de Montpellier à Chamonix.




A pleins poumons, ils ont respiré
l'air des Vosges
et celui d'Annecy.


Ils ont parcouru l'Histoire
des grottes de Lascaux
à la Chappelle Sixtine,
Des scènes pariétales
au musée du Louvre,
des menhirs de Carnac
à la cathédrale Notre-Dame,
du pont du Gard
au viaduc de Millau.


Chaque découverte était l'occasion
de partager l'émotion
d'un regard.


Ne rêvons pas, parfois le ciel fut sombre,
alors, pour elle, il avait ce don:
il inventait des voyages,
pour lesquels, nul besoin de bagages.
Des pays qui n'existaient pas,
des contrées même pas terrestres,
des plongées en Atlantide
des envolées intergalactiques
des îles où ils découvraient
le premier jour du monde.

            Voyages

     C'est décidé , le défi pour 2015, c'est de lire mes petits écrits sans prétention; au diable la timidité; depuis le temps que je fréquent "Les mots ont la parole" , je sais que je peux compter sur votre bienveillance et cela me donne du courage .
    
     Je ne suis pas une adepte des voyages physiques; je m'explique: je n'aime pas avoir le stress de préparer des affaires pour partir, de penser toujours à ne rien oublier, je n'aime pas être déçue par la réalité du site et je n'aime pas non plus le blues du retour.
    
    Mes voyages à moi se font dans ma maison, avec des documentaires ou bien avec des livres, bien entourée de la tendresse de ma fille , de la compagnie de mes chats et de ma 'diablotine' de chienne .
    Ma place sur cette terre , c'est au Boulou et je n'aime pas m'en éloigner, c'est comme si j'avais un lien invisible comme les bras d'un amant qui me donne tout le bonheur nécessaire pour vivre (rassurez-vous, je n'ai jamais eu d'amant mais je trouve que ça sonne bien)

     Si je veux m'imprégner de l'ambiance chaude du Mexique , de ses paysages arides , je reste à côté de mes cactus et je regarde les lézards se promener sur le mur de la maison.
     Si je veux me projeter en Provence,et , avec un peu de chance rencontrer Cézanne, (lui non plus je ne l'ai jamais rencontré) , je me penche sur ma lavande pour sentir sa fragrance et admirer sa beauté.
     Quoi de mieux que mes oeillets pour voyager en terre andalouse , entrer par exemple dans la Mezquita et me perdre par un après-midi doux et plein de couleurs dans ses filigranes vieilles de 1300 ans.
     Quand je regarde l'olivier que j'ai fait planter pour la naissance de mon premier petit-fils, je me trouve au bord de la Méditerranée et là , je ne sais pas quel pays visiter tellement l'olivier est présent partout; La fierté
m'envahit et je pense que le relève est assurée .
      Avec le Bouddha que j'ai mis à côté de mon jasmin étoilé, c'est la sérénité que je trouve et je me promène dans le japon ancien .
       En plus , nous avons aussi de merveilleux levers et couchers de soleil et surtout le Canigou que je peux voir de la fenêtre de ma chambre .

        En conclusion , je suis une adepte des voyages intérieurs




mercredi 4 mars 2015

LE PRINTEMPS DES POETES     Mardi 3 mars 2015
                    
                                  Conférence sur la poésie par Madame Michèle Vert-Nibet
           
       Madame Michèle Vert-Nibet remarque d'abord que son auditoire est uniquement composé de femmes (16) et ne s'en étonne pas, persuadée que la sensibilité poétique est plus aigüe chez la femme .
      Elle insiste ensuite sur le rôle primordial de l'éveil à la sensibilité dès l'enfance. Apprenons à nos petits à voir , écouter, sentir, goûter.
       Chacun a une sensibilité différente, chacun est un récepteur différent mais chacun doit se rendre disponible pour accueillir la beauté, la poésie de ce qui l'entoure. La poésie est quelque chose de très personnel, en écrivant ce que l'on éprouve , on se met à nu , à vif , alors qu'on peut se protéger derrière un tableau ou un roman .

        Ensuite, Michèle présente son parcours poétique. D'abord, comme pour nous tous, les comptines des  récréations, puis les "récitations"que la maîtresse faisait apprendre "par coeur"et dont on se souvient parfois encore , récitations devenues poèmes dans les grandes classes avec Lamartine, Victor Hugo, Vigny et La Fontaine bien sûr ....... et tous les autres
                        "Au bord d'un clair ruisseau , buvait une colombe"
                        "Waterloo, Waterloo, morne plaine
                        "Jeanne était au pain sec......."
         C'est à 14 ans, qu'elle découvre Prévert et la poésie en vers libres .... et la collection "Poètes d'aujourd'hui" de Seghers.......plus tard "Apostrophe", Pivot et ses invités: un soir, Maurice Genevoix qui dit avoir combattu le traumatisme de la guerre grâce à ses promenades dans la campagne de sa Sologne natale. Ou Joseph Delteil:  "Détails , il n'y a que les détails, malheur au chasseur de trésor".
          Plus tard, elle découvre la poésie asiatique et les Haiküs
                                               "J'attends le nuage Pour reposer mes yeux De regarder la lune"

          Et enfin elle compose et publie ses poèmes (après bien des "essais de jeunesse"). Les autres disaient déjà ce qu'elle ressentait mais elle peut alors, elle-même, mettre en mots et en sons ce qui la fait vibrer!
La poésie vient du corps à travers tous les sens et de l'âme par la communion vécue avec une dimension supérieure, la Beauté, l'"Ouvert Universel" (François Cheng)
Christian Bobin à qui on reprochait de ne pas quitter sa ville du Creusot a répondu: "Je suis dans l'Inépuisable". Effectivement tout autour de nous peut être, à un moment ou à un autre , selon notre humeur,  sujet de poésie. Tout peut devenir poésie. Il y a bien des démarches poétiques dans la vie de tous les jours :peindre bien sûr mais aussi broder , créer un objet...... Ce sont des "vacations innocentes" qui révèlent la vibration poétique de leur auteur

          Pour finir, les échanges ont porté sur la peinture et la lecture et nous avons conclu que plus on a de connaissances, plus on a de plaisir à vivre et à découvrir encore et encore .

           Ces 2 heures ont comblé l'assemblée et je suis prête à parier qu'aujourd'hui plusieurs d'entre nous ont ressorti leurs recueils de poésie .

mardi 24 février 2015

Fable mérovingienne

Suzanne était allée à l'école de la République et c'est là qu'elle avait appris beaucoup de choses sur les rois de France.

Elle était travailleuse, ses brillants résultats le prouvaient. Au fur et à mesure de sa  scolarité, l'intérêt qu'elle portait à l'Histoire se mua en enthousiasme puis en véritable passion. Elle choisit donc naturellement son sujet d'études et embrassa avec ferveur sa période de recherche en préparation d'une thèse.

Elle choisit l'époque des Rois Fainéants. Elle avait développé depuis son plus jeune âge une véritable attirance pour ces soi-disant paresseux couronnés qui parcouraient  leurs domaines dans des chariots, allongés - imaginait-elle - sur leurs couettes rembourrées de duvet - non pas , pensait-elle par indolence mais bien pour atténuer les cahots que les ornières des chemins pré-médiévaux ne devaient pas manquer de causer .

Débutante et pleine d'ardeur, elle ambitionnait de démontrer que ces Mérovingiens loin d'être fainéants étaient en fait des précurseurs qui avaient développé l'idée de confort et de détente et,  partant, préparé les futurs Français et même l'humanité toute entière aux bienfaits de la relaxation dont on sait aujourd'hui combien elle est nécessaire à la bonne santé.

Elle axa donc ses recherches sur cette idée. Il ne lui fallut pas longtemps pour percer les secrets des Mérovingiens, puis, fidèle à son concept, elle s'employa à vérifier si  l'élevage des oies et des canards avait pris de l'ampleur dans leur territoire mais elle dut se rendre à l'évidence,  les données fiables sur les basses-cours de l'époque étaient difficiles à trouver.

Elle devisait régulièrement avec son directeur d'études, au profil aquilin et sourire fort amène ;  c’était un spécialiste de Clovis et ses travaux sur le Vase de Soissons avaient cassé bien des idées reçues .Il l'éclaira à plusieurs reprises sur les pistes à poursuivre.

Suzanne fut rapidement séduite par cet intellectuel qui partageait son ardeur pour ces époques reculées. Elle lui parla des couettes et édredons des Rois Fainéants. Il lui proposa des travaux pratiques. Ce fut satisfaisant et après plusieurs essais, ils emménagèrent ensemble dans un appartement douillet.

Las, l'idylle fut de courte durée, le séducteur révéla ses tendances gauchistes et son analyse marxiste du rôle des Maires du Palais en général et de Pépin Le Bref en particulier eut  l'heur de déplaire fortement à Suzanne qui mit sèchement fin à la liaison.

Elle changea de faculté et continua ses recherches avec une ferveur redoublée. Les Rois Fainéants la poussaient au travail.

Elle fit d'autres rencontres parmi lesquelles un spécialiste des essieux moyenâgeux dont la thèse sur l'usage du marteau à deux pointes chez les forgerons et charrons sous le règne de Charlemagne avait fait beaucoup de bruit dans le milieu des pré-médiévistes. Il la fascina quelque temps mais il était un piètre amant et l'attirance ne dura pas.

Ses recherches piétinaient, elle touchait au désespoir quand une bourse lui fut versée par un mécène russe dont le motif véritable était de la convaincre que les chariots mérovingiens, avec ou sans couette, étaient des adaptations de la Troïka russe.

Suzanne ne fut pas dupe mais elle prit l'argent car elle avait besoin de repos. Elle partit en vacances sur une plage ensoleillée.

On était hors saison, la plage était tranquille. Tous les matins, cependant, elle partageait l'étendue sablonneuse avec un assez bel athlète, blond aux yeux bleus, queue de cheval  et moustaches gauloises.

Chacun sait que l'un des apports des Mérovingiens fut de relier Les Francs aux Gallo-Romains. Cette notion ne manqua pas d'influencer notre Suzanne.

Il s'avéra que notre Adonis était gardien de musée ; de toute évidence,  il compensait la position assise qu'il occupait dans la journée par un travail assidu au gymnase.

Il surveillait la salle des Carolingiens mais il avait l'esprit ouvert et pouvait écouter Suzanne parler des Mérovingiens pendant des heures sans que son intérêt ne faiblisse surtout lorsqu’ils devisaient en plein soleil. Ce qui devait arriver arriva. Elle fut séduite, il l'épousa sur le champ - ou plutôt sur la plage -. Les voilà rentrés à Paris.

Elle visita la salle des Carolingiens, il pensait à elle en traversant celle des Mérovingiens. Le soir , pendant qu’il prenait soin de sa musculature, Suzanne préparait le repas. Quand le besoin se faisait sentir, elle lavait, faisait le ménage, s'occupait des courses, vaquait aux besoins du ménage.

Malgré les encouragements, puis les requêtes appuyées et finalement les reproches, le bel athlète ne mettait pas la main à la pâte. La spécialiste des Rois Fainéants dut se rendre à l'évidence : elle avait épousé le roi des fainéants......

                                                                  Colette Stylianou.

mardi 3 février 2015

LE GOÛT DES MOTS


  
    Quand je voulais attirer mes élèves vers les langues anciennes –ne surtout pas
dire langues mortes- je me gardais bien de leur parler conjugaison et déclinaison,
je leur parlais mythologie et vocabulaire.
Nous travaillions par exemple sur les mots « cheval », « équitation », « hippodrome »,
-avec un I et non un Y même si c’est un mot d’origine grecque – Pourquoi 3 mots aussi
différents pour un même champ lexical? …… et nous partions sur la cavalerie,
l’hippopotame, l’hippocampe, les équidés etc. Cela, je dois dire, les passionnait.
Je m’attachais aussi à 2 mots : « sympathie «  et « condoléances ». Je leur montrait
que, par leur origine ces 2 mots avaient exactement le même sens. Les préfixes con en
latin et sym en grec signifiant le partage et les verbes « doléo » en latin et « patho »en
grec signifiant « souffrir, ressentir ». Que l’on présente ses condoléances à quelqu’un
ou qu’on lui prouve sa sympathie, c’est la même chose : on partage ce qu’il ressent,
ce qu’il éprouve. Chaque mot a fait son chemin, l’un a pris une voie plus triste,
évidente avec sa terminaison en « ance » alors que le I de sympathie annonce quelque
chose de plus gai.
J’ai donc beaucoup joué avec les mots en classe de latin et grec.

Mais aujourd’hui c’est sur un autre mot que j’ai voulu me pencher, un mot qui sera
bientôt de circonstance, le mot GOURMANDISE

Sentez-vous combien ce mot évoque bien ce qu’il est ?
Prenez un bonbon, débarrassez-le de son papier, portez le à la bouche.
D’abord, vous en avez plein la bouche. Vous êtes embarrassées par ce bonbon. Votre
bouche en devient gourde, malhabile, c’est la syllabe GOUR.
Ensuite, vous mâchez lentement, ou vous sucez, le bonbon. Tout devient plus léger,
votre nez participe de cette expérience ; c’est la syllabe nasale MAN.
Vous avez bien mâché, reste en votre bouche le suc de votre bonbon,ce suc cette saveur
atteint vos papilles, se répand dans vos fosses nasales; C’est la syllabe DISE
qui glisse et envahi votre sens gustatif. 
En 3 étapes, votre bouche est passée de la lourdeur de ce cube de pâte sucrée à la
légèreté de la saveur citron ou menthe de votre bonbon.
Etre gourmand, c’est lourd, s’adonner à la gourmandise, c’est léger.
     Est-ce donc vraiment un défaut comme le prétend la sagesse populaire ?

Mais pourquoi le verbe « gourmander »? quel rapport avec la gourmandise?
Heureusement ce verbe a disparu de notre langage habituel! Nous ne gourmandons
plus personne d’être gourmand! Au contraire, nous l’apprécions d’être gourmet
(avec un T ) et non gourmé (sans t final).
Et un gourmand, ce rameau inutile, inutile un gourmand? oui, mais en horticulture
seulement! Quant au mot gourme, jetons-le immédiatement il est bien laid.

MOTS MAGIQUES



          A la question "Quel est le mot le plus évocateur pour vous? " , moi je répondrais que je n'en ai pas un de spécial mais plusieurs selon les étapes de la vie
           Mon premier est SUPERCALIFRAGILISTICO extrait du film de Mary Poppins que j'ai vu vers l'âge de 10 ans ; je trouvais ce mot marrant et à l'école, on faisait le concours de le dire plusieurs fois sans se tromper .
          A 18 ans , je n'avais pas encore de copain mais le mot le plus doux était BEBE; j'achetais des revues spécialisées pour être prête au moment tant désiré ; Au grand désespoir de ma mère, je disais qui si à 30 ans , je n'avais pas de fiancé, je ferais un bébé toute seule .
          Evidemment , par la suite , le mot est devenu AMOUR et je pense que c'était le moteur de la plupart des filles de ma génération; Je suis tentée de dire que maintenant , il y a d'autres points de mire qui entrent en compte .
          Cette année , c'était MAMIE D'AMOR . Tiens , quelle coïncidence ...... mes petits-enfants ont mamie Annick et ils m'ont décerné le plus joli titre du monde :mamie d'amour , ça se passe de tout commentaire.
           A partir d'aujourd'hui, 2 décembre, et sans renier le mot précédent , j'ajoute à ma liste le mot AMITIE, sentiment que je cherche à votre contact et que je vous donne à mon tour .