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lundi 12 octobre 2015

Le Prof par Monique

Ce n'est pas, à proprement parler, le portrait d'un enseignant que je vous livre.
J'ai plutôt voulu vous faire ressentir une ambiance, celle de mes premières années dans une petite école rurale.


Monsieur Maillard était grand, du moins, c'est ce que je pensais à l'époque.
Il avait, bien que jeune encore, un crâne dégarni qui en imposait: que de savoirs devaient se loger derrière ce front d'intellectuel!

Seul maître à bord d'une classe unique d'un petit village, il faisait partie, avec le maire et le curé, des notables.
On le craignait, tous, même nos parents, d'une crainte empreinte de respect ou, devrais-je dire de respect mêlé de crainte car cette dernière était minoritaire par rapport au respect qu'il suscitait.

J'arrivai dans cette école par un matin doré d'octobre. Les feuilles envahissaient le trottoir qui menait à l'école. Des dahlias, entretenus par Madame, oscillaient dans le souffle léger d'automne, se penchant sur les salades et les choux bien rangés.

Il faut dire que je me sentais toute craintive en passant la porte: toutes ces tables alignées, serrées les unes contre les autres, des plus petites(à gauche) aux plus grandes(à droite), m'impressionnaient.
Un tableau noir couvrait tout le mur et le bureau du maître trônait sur une estrade.

Je crois que je tremblais, cette installation inconnue et mystérieuse m'effrayait.

Pourtant, bien vite – je ne me souviens plus du temps que cela prit – j'entrais dans mon école avec le sentiment d'être chez moi.

J'aimais l'odeur de l'encre et du bois ciré, celle de la craie et son crissement sur le tableau.

J'aimais retrouver mes deux copines pour jouer aux billes ou à cache-cache.

J'aimais regarder les grands marronniers se balancer dans la cour en récitant « le loup et l'agneau ».

J'aimais quand nous suivions Monsieur sur les chemins de terre et que nous étudiions
la vie grouillant dans le talus ou le développement du blé dans les champs.

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