Ce n'est pas, à
proprement parler, le portrait d'un enseignant que je vous livre.
J'ai plutôt voulu vous
faire ressentir une ambiance, celle de mes premières années dans une petite école
rurale.
Monsieur Maillard était
grand, du moins, c'est ce que je pensais à l'époque.
Il avait, bien que jeune
encore, un crâne dégarni qui en imposait: que de savoirs devaient se loger derrière
ce front d'intellectuel!
Seul maître à bord d'une
classe unique d'un petit village, il faisait partie, avec le maire et le curé, des
notables.
On le craignait, tous,
même nos parents, d'une crainte empreinte de respect ou, devrais-je dire de respect
mêlé de crainte car cette dernière était minoritaire par rapport au respect qu'il
suscitait.
J'arrivai dans cette école
par un matin doré d'octobre. Les feuilles envahissaient le trottoir qui menait à l'école. Des dahlias, entretenus par Madame,
oscillaient dans le souffle léger d'automne, se penchant sur les
salades et les choux bien rangés.
Il faut dire que je me
sentais toute craintive en passant la porte: toutes ces tables alignées, serrées les
unes contre les autres, des plus petites(à gauche) aux plus
grandes(à droite), m'impressionnaient.
Un tableau noir couvrait
tout le mur et le bureau du maître trônait sur une estrade.
Je crois que je tremblais,
cette installation inconnue et mystérieuse m'effrayait.
Pourtant, bien vite – je
ne me souviens plus du temps que cela prit – j'entrais dans mon école avec le
sentiment d'être chez moi.
J'aimais l'odeur de
l'encre et du bois ciré, celle de la craie et son crissement sur le
tableau.
J'aimais retrouver mes
deux copines pour jouer aux billes ou à cache-cache.
J'aimais regarder les
grands marronniers se balancer dans la cour en récitant « le loup et
l'agneau ».
J'aimais quand nous
suivions Monsieur sur les chemins de terre et que nous étudiions
la vie grouillant dans le
talus ou le développement du blé dans les champs.
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